dimanche 3 avril 2011




Reposer à terre

les pierres que j'avais commencé
à empiler
brûler tous les plans
du mot "aimer" faire un nouvel autodafé
poursuivre mon errance,
ma vie sans domicile
ma vie d'involontaire homicide
du sentiment

Subir la dictature
absurde
de l'espace-temps
qui referme sur moi
ses mâchoires de néant

Fermer les yeux
et me répéter
"rien de tout ça n'a existé, rien de tout ça n'a existé"
comme un blasphème,
convoquer l'oubli
encenser le déni
Etre infidèle
à moi même
et mentir
toujours

Taire mes élans de partage,
mes débordements du coeur
baisser le feu
du coeur sur la main, qui te caresse, généreux,
du coeur sur le bout de la langue, qui t'embrasse, langoureux,
du coeur au bord des yeux, qui te regarde, amoureux,
du coeur au coin de la bouche, qui te sourit, heureux,
du coeur qui donnerait tout
pour son reflet dans tes yeux

M'effacer et saigner en silence
comme la bête se retire
quand elle sent la fin venir
sans personne pour la retenir

Traîner ma solitude
dans le soleil
à rêver ton ombre
près de la mienne

Lutter toujours
contre l'amertume qui guette
contre la colère qui entête
et pleurer, pleurer,
miséricordieuse
mais fatiguée

S'incliner devant l'amour
d'une autre qui me ressemble
respecter son amour
frais comme la clarté du jour
et profaner mon amour
profond comme le silence


Envoyer se crasher
un avion
dans ma tour
et mourir de chagrin
mon propre sang sur les mains
dans la déflagration

Peut-on sauver
la kamikaze inconnue
sans traces
disparue

au petit bonheur
la chance