lundi 23 mai 2011



Tu es ce chaud et ce froid
que je porte en moi
en toute saison
un oxymore, un paradoxe,
l'autorité et la décontraction
la souplesse et l'inflexion,
d'un battement de cœ
ur l'oscillation

Tu peux
m'endormir dans ta paume,
tu es mon terrier en hiver
mon secret repaire
mon îlot de verdure

Tu peux
me mettre en mouvement d'un revers,
tu es la claque qui résonne dans l'air
la phrase qui perdure

Une pichenette et je bondis en avant
une caresse et lascive je m'étends
tu es la remise en question
et le fruit de la passion
quand tu me rentres dedans

Entre tes mains je suis un frisson
et tu ne passes pas
tel un hoquet qui pince un peu
douloureux
mais toujours joyeux

Tu es l'envers de l'ennui
et à l'envers dans la nuit
mon corps près du tien frémit
me murmure qu'il a choisit
pour se lover le tien
c'est une évidence
il lui va tellement bien
tu m'es si familier
que je pourrais te déguster
du soir au matin
tu ne m'é-c
œur jamais

Quand tu pars je suis puzzle
un grand trou au milieu
sans toi ma pièce maîtresse
mon facteur allégresse
mon sublime quotidien

Je pense à tes yeux noirs
tes prunelles de mes yeux
si différents des miens

Je pense à ta bouche
fraiche comme le jasmin
et aux fossettes dans ses coins
qui dessinent ton sourire

Je pourrais t'embrasser
à en mourir de rire

Chez toi tout est donné
et en même temps tellement caché
que je voudrais creuser
des galeries dans ton intérieur
descendre à la veine cave
voir ce que tu as dans le c
œur

Ma langue
telle un scalpel
glisse sur ton corps
et voudrait t'ouvrir sans douleur
t'anesthésier de baisers
que tu puisses déposer
ton armure, ton orgueil sur le palier
tes failles dans l'entrée
et avancer léger

Je t'aime imparfait
et je ne me lasse jamais
de chercher ce qui
dans ta boule à facettes
me fait perdre la tête




mardi 17 mai 2011

samedi 14 mai 2011

lundi 9 mai 2011



"Jamais d’autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes


En dépit des mutilations d’arbre à la tombée de la nuit.


Jamais d’autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
.

Plus tu t’éloignes et plus ton ombre s’agrandit
.

Jamais d’autre que toi ne saluera la mer à l’aube
quand,

fatigué d’errer, moi sorti des forêts ténébreuses


et des buissons d’orties, je marcherai vers l’écume


Jamais d’autre que toi ne posera sa main sur mon front et mes yeux


Jamais d’autre que toi

Et je nie le mensonge et l’infidélité


Ce navire à l’ancre tu peux couper sa corde


Jamais d’autre que toi


L’aigle prisonnier dans une cage ronge lentement

les barreaux de cuivre vert-de-grisés


Quelle évasion !


C’est le dimanche marqué par le chant des rossignols

dans les bois vert tendre
l’ennui des petites filles

en présence d’une cage où s’agite un serin,


tandis que dans la rue solitaire


le soleil lentement déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud


Nous passerons d’autres lignes


Jamais, jamais d’autre que toi


Et moi seul seul seul

comme le lierre fané des jardins de banlieue


seul comme le verre


Et toi jamais d’autre que toi."



Robert Desnos - Les Ténèbres



wandering wondering




mercredi 4 mai 2011

Corridamour

Le taureau est têtu.
Il s'obstine à vivre
des relations biscornues.
Il croit, il croit,
que l'amour est une corrida.
Il fait le beau, fume des naseaux,
bombe sa poitrine de taureau
et soulève la poussière,
avec ses gros sabots.

Envoûté par la tauromachination,
il se jette entier dans le drap rouge passion,
amoureux du matador, qui s'esquive, s'écarte,
ne fait que passer, ne veut que le mater,
pour la beauté du geste.

Les portes de l'arène
se sont fermées,
le taureau prisonnier recule pour mieux sauter,
mais le sang suinte déjà sur son échine
plantée de banderilles.

Le picador, sur sa jument blanche,
fait son entrée.
Il lui tourne autour, le flatte à distance.
il le fait courir.
Le taureau voudrait s'unir,
mais son dos offert que seul le pique adore
reçoit le baiser froid
de la lame de fer.

C'est son garrot trop saillant,
sa cage thoracique trop large,
qui entravent ses mouvements.

Son coeur aussi est trop grand,
il en crève doucement,
ruminant sa tristesse,
étouffée par la clameur
des foules.

Il envie la légèreté du cheval blanc,
mais il a trop de compassion
pour lui crever les flancs.

Joao Pessoa n'existe pas










mardi 3 mai 2011