mercredi 4 mai 2011

Corridamour

Le taureau est têtu.
Il s'obstine à vivre
des relations biscornues.
Il croit, il croit,
que l'amour est une corrida.
Il fait le beau, fume des naseaux,
bombe sa poitrine de taureau
et soulève la poussière,
avec ses gros sabots.

Envoûté par la tauromachination,
il se jette entier dans le drap rouge passion,
amoureux du matador, qui s'esquive, s'écarte,
ne fait que passer, ne veut que le mater,
pour la beauté du geste.

Les portes de l'arène
se sont fermées,
le taureau prisonnier recule pour mieux sauter,
mais le sang suinte déjà sur son échine
plantée de banderilles.

Le picador, sur sa jument blanche,
fait son entrée.
Il lui tourne autour, le flatte à distance.
il le fait courir.
Le taureau voudrait s'unir,
mais son dos offert que seul le pique adore
reçoit le baiser froid
de la lame de fer.

C'est son garrot trop saillant,
sa cage thoracique trop large,
qui entravent ses mouvements.

Son coeur aussi est trop grand,
il en crève doucement,
ruminant sa tristesse,
étouffée par la clameur
des foules.

Il envie la légèreté du cheval blanc,
mais il a trop de compassion
pour lui crever les flancs.

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