lundi 9 mai 2011



"Jamais d’autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes


En dépit des mutilations d’arbre à la tombée de la nuit.


Jamais d’autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
.

Plus tu t’éloignes et plus ton ombre s’agrandit
.

Jamais d’autre que toi ne saluera la mer à l’aube
quand,

fatigué d’errer, moi sorti des forêts ténébreuses


et des buissons d’orties, je marcherai vers l’écume


Jamais d’autre que toi ne posera sa main sur mon front et mes yeux


Jamais d’autre que toi

Et je nie le mensonge et l’infidélité


Ce navire à l’ancre tu peux couper sa corde


Jamais d’autre que toi


L’aigle prisonnier dans une cage ronge lentement

les barreaux de cuivre vert-de-grisés


Quelle évasion !


C’est le dimanche marqué par le chant des rossignols

dans les bois vert tendre
l’ennui des petites filles

en présence d’une cage où s’agite un serin,


tandis que dans la rue solitaire


le soleil lentement déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud


Nous passerons d’autres lignes


Jamais, jamais d’autre que toi


Et moi seul seul seul

comme le lierre fané des jardins de banlieue


seul comme le verre


Et toi jamais d’autre que toi."



Robert Desnos - Les Ténèbres



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