dimanche 20 février 2011

Elsa



Pourquoi qu’il est tout le temps en train
de l’emmerder,
de lui palper le cou, les joues, les bras,

comme on fait à un chien qu’on flatte ?

Et elle qui comprend rien, ravie dans son fauteuil.

On pourrait lui donner des coups de pied
qu’elle continuerait à sourire ma sœur.


C’est Papa qui a insisté pour qu’on aille chez le photographe,
pour faire une vraie belle photo,
avec fond moiré
et mobilier de gens riches, tout plein d’or,
accoudoir velours.


Du coup, on s’est tous habillés grand jeu.

Papa a mis son short bleu marine
alors qu’on est au mois de novembre.

Avant c’était Maman qui l’habillait.

Comme Thierry avait rien de vraiment bien,
il a mis son uniforme du travail.

« Ca fait quand même plus chic », a dit Papa.
Moi je trouve ça moche et ça sent encore les frites.


Papa a insisté pour qu’Elsa mette la robe jaune de Maman.
Ca fait pas pareil que sur Maman.
C’est trop grand dessus
et trop maigre en dessous. Ca fait ridicule.


Thierry lui a dit qu’il l’a trouvait magnifique.
Elsa, elle s’est mise à crier de joie, elle a tourné
très fort
sur elle-même pour faire voler la jupe.
Elle mettait de la bave partout.

Moi ça me fait de la peine parce que,
dans ces moments là, on dirait un chien content.

Thierry lui ça l’amuse alors il continue. « Tu es belle, Elsa, comme tu es belle ! »

Je veux pas qu’on se moque de ma sœur. En plus, il savait très bien qu’elle allait faire
des hoquets de plaisir, et qu’après ça poserait des problèmes pour la photo.

C’est pas sa faute si elle a des trous dans la tête et qu’elle demande encore à Papa
quand c’est que Maman va rentrer des courses.
« C’est nous qu’on aurait pu naître comme ça », je répète à Thierry.

De toute façon, un jour, je la tuerai.




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